La présomption d’innocence bafouée, la liberté de la presse virant au lynchage médiatique, la détention préventive se muant en détention punitive, la remise en question du jury populaire et de la cour d’assises : des questions qui nous concernent tous !
Entre 2013 et 2016, les médias belges et français se sont faits les échos d’une importante affaire judiciaire qui a secoué l’opinion publique et le monde politico-judiciaire belges : l’inculpation du député Bernard Wesphael pour le meurtre de son épouse, l’ex-journaliste Véronique Pirotton, à Ostende, le 31 octobre 2013. Après une mise en détention préventive de dix mois puis une liberté conditionnelle, il a enfin été acquitté le 6 octobre 2016.
Dérapage des événements
Par les errements de la procédure, les débordements inouïs de la presse belge, le statut de l’accusé, la personnalité des protagonistes, cette affaire a dépassé dès les premières heures le cadre local pour interroger non seulement les principes fondamentaux de la justice rendue dans l’État de droit en régime démocratique, mais aussi ceux de la déontologie de la presse, de la présomption d’innocence, de l’immunité parlementaire, de l’existence même du jury populaire. Car le procès Wesphael est historique à plus d’un titre : c’est seulement la deuxième fois dans l’histoire du pays qu’un député est inculpé pour meurtre et c’est également l’un des derniers procès d’assises avec jury populaire tenu en Belgique, puisque, depuis mars 2016, ce type de délit peut être renvoyé auprès d’un tribunal correctionnel… une remise en cause qui agite aussi l’opinion en France.
Il se trouve également que les éléments de l’affaire incluent tous les ressorts classiques de l’intrigue policière de fiction : les amants, l’alcool, le sexe, la trahison, les secrets de famille, les manipulations et les complots… Si tout cela ne s’était pas soldé par la mort tragique d’une personne bien réelle, on pourrait même apprécier le fait que ces éléments s’agencent dans un scénario particulièrement bien ficelé, ligotant un malheureux innocent dans un piège infernal.
Des enjeux universels
Les médias français (RTL, TF1, M6, L’Express, Le Point, Le Monde, etc.) ont perçu autant l’intérêt anecdotique que les enjeux universels de cette affaire et du procès d’assises (du 19 septembre 2016 au 6 octobre 2016) : ils lui ont consacré des reportages d’envergure diffusés à des heures de grande écoute. Ils n’ont pu que sensibiliser un lecteur français curieux de questions de société bien plus larges que le décor belge des événements.
Devant cet intérêt qui se manifeste en France, notre maison d’édition a établi une collaboration de distribution avec la société Pollen Diffusion afin de mettre à la disposition des libraires français l’ouvrage de témoignage que Bernard Wesphael a rédigé pendant ces trois douloureuses années, Assassin, ainsi qu’une analyse du procès vu depuis les coulisses, Présumé coupable, de la journaliste et juriste Alessandra d’Angelo.
Deux livres pour comprendre l’affaire
L’affaire Wesphael dans la presse